Les partis politiques sont-ils le problème de la politique ?

La démocratie est le pire des systèmes, à l'exception de tous les autres. Mais la structure en partis politiques, qui constitue la norme dans la plupart des régimes démocratiques, n'est-elle pas au final son vrai problème ?

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3 min ⋅ 18/06/2024

La démocratie est souvent présentée comme le meilleur système politique, offrant à chaque citoyen la possibilité de choisir ses représentants. Cependant, derrière cette façade de liberté, se cache une réalité plus complexe : le vote qui consiste à choisir entre plusieurs partis peut être perçu comme une forme subtile de manipulation.

L'illusion du choix

Lorsque nous entrons dans l'isoloir, nous sommes souvent confrontés à une liste de partis et de candidats. Cela donne l'impression d'un large éventail de possibilités. Pourtant, en réalité, ce choix est souvent limité par divers facteurs :

  • Le système électoral : les systèmes majoritaires ou proportionnels influencent fortement les résultats et favorisent généralement les grands partis au détriment des plus petits.

  • Les médias : la couverture médiatique des élections est souvent biaisée, mettant en avant certains candidats et partis tout en en négligeant d'autres. Les médias jouent un rôle crucial dans la formation de l'opinion publique et peuvent orienter les choix électoraux.

  • Le financement des campagnes : les partis avec des ressources financières importantes ont une capacité de communication bien supérieure, ce qui leur permet de dominer l'espace médiatique et d'influencer davantage les électeurs.

2. La polarisation politique

Les systèmes bipartisans, particulièrement répandus dans les démocraties occidentales, tendent à polariser les opinions. Cette polarisation simplifie le choix pour les électeurs en réduisant la complexité du débat à des oppositions binaires, qui conduit souvent à une vision manichéenne de la politique, où les nuances et les alternatives sont marginalisées. Or, au vu de la complexité du monde actuel, tout est question de détails…

Comme l’explique Edgar Morin dans “Initiation à la pensée complexe”, la sur-simplification conduit systématiquement à l’erreur. On est donc en général dans l’approximatif, dans le faux, dans l’irréaliste, et de nombreux hommes politiques vont changer d’avis comme de chemise, tout simplement parce qu’ils font attention à ne jamais rentrer trop le détail, pour pouvoir adapter leur discours à la situation et aux personnes qu’ils ont en face (d’où une pratique quasi-permanente de la langue de bois). Cependant, cela se voit de plus en plus car toute parole est relayée et scrutée par les médias et les réseaux sociaux. C’est un des facteurs de la baisse drastique de confiance que les Français ont dans les hommes politiques.

Les vrais débats n’étant pas abordés, les électeurs choisissent sur des paramètres con objectifs : l’émotion, l’impression, ou au mieux, se retrouvent souvent à choisir le "moins pire" plutôt que le candidat qui représente réellement leurs idéaux.

La manipulation psychologique

Les campagnes électorales utilisent des techniques de marketing sophistiquées pour influencer les comportements des électeurs. Les sondages, les slogans, les publicités et les débats sont soigneusement orchestrés pour créer des émotions et des impressions favorables ou défavorables. Cela peut mener à une prise de décision basée sur des émotions plutôt que sur une réflexion rationnelle et informée.

Quant aux débats, ils constituent des “jeux du cirque” où les candidats utilisent plus la ruse que la raison pour faire bonne impression. L’art d’avoir toujours raison de Schopenauer est la référence pour eux comme pour les spectacteurs qui veulent décrypter ces joutes verbales.

La désillusion et l'abstention

Face au manque de crédibilité des hommes politiques, et aux déceptions suite à leurs nombreuses promesses non tenues, de nombreux citoyens deviennent désillusionnés par le processus électoral. L'abstention, le vote blanc ou nul sont autant de signes de ce phénomène. Lorsqu'un nombre significatif d'électeurs ne se sent plus représenté par les partis en présence, cela remet en question la légitimité même du système.

Quelles solutions ?

Comment sortir le système de cette ornière ? Rien d’évident à première vue.

J’avoue mon intérêt pour le système suisse, qui consiste à faire voter les citoyens sur des propositions de loi (comme autant de référendums) et non pour des partis avec qui on n’est par définition pas toujours d’accord. L’autre intérêt de ce système étant d’avoir un certain nombre d’élus tirés au sort, ce qui me semble après tout un bon moyen d’avoir une représentation équilibrée. Même si chaque votation (comme le disent les suisses) n’est pas à l’abri des manipulations ou des lobbyings, on peut avoir un avis sans rentrer dans le dogme de tel ou tel parti. Il faudrait alors exiger une transparence totale sur les sources de financement des candidats et des campagnes, afin de réduire l'influence des intérêts particuliers.

Une autre approche serait de refondre l’organisation politique, synonyme d’une 6ème république, permettant de donner moins de poids aux partis et plus aux citoyens, à travers une systématisation du référendum en tant qu’outil de gestion. On en est loin tant les partis en place n’ont pas envie de lâcher le pouvoir que leur donne le système actuel.

Aucune de ces solutions n’est simple, mais il faudra bien un jour avoir le courage politique de changer, pour ne pas tomber dans une autre forme de changement politique qui est toujours possible (et encore relativement courante dans le monde) : la dictature, que -sous son faux-nez d’ordre et d’autorité- certains font hélas l’erreur de voir comme une alternative crédible au chaos. L’histoire nous a mille fois montré le danger de cette option…

Christophe

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Par Christophe Duhamel

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