Douter : pourquoi est-ce crucial pour notre santé mentale et pour notre société ?

Dans le tumulte des certitudes qui souvent façonnent notre monde, le doute apparaît comme une faiblesse, une hésitation face à l'action. Pourtant, c'est précisément dans ce questionnement que réside notre plus grande force...

1 truc par jour
4 min ⋅ 12/05/2024

Le doute n'est pas l'opposé de la certitude, mais son complément nécessaire, une lumière qui éclaire les zones d'ombre de nos convictions.

Ce qui se cache derrière une trop grande confiance

Les gens trop sûrs d'eux m'énervent, non pas parce qu'ils me font me sentir inférieur en quoi que ce soit, mais parce que je perçois la confiance absolue comme au pire de l'inconscience, au mieux de la peur qu'on essaie de masquer (un complexe de l'imposteur qui ne passerait pas la porte !).

Mais comme tout ce qui nous énerve, il faut se demander pourquoi et ce qui résonne en nous à cette occasion (c’est une forme de doute !). Et dans mon cas, c'est l'effroi de m'imaginer aussi confiant qu'eux, avec toute la rigidité que ça implique et l’énorme frein que cela constitue dans toute réflexion.

Qu'y a-t-il de pire qu'un expert qui ne doute pas ?

Qu'un intégriste religieux ou qu'un terroriste ne doute pas devrait nous alerter sur les dangers d'une certitude inébranlable. Là où il n'y a pas de doute, il n'y a pas de question, et sans question, comment peut-on chercher des réponses ? A fortiori la vérité ? Une certitude absolue ferme la porte au dialogue, elle bâtit un mur entre elle et toute autre vérité. Elle devient un refuge pour ceux qui craignent le vaste monde des possibilités. Et une barrière entre soi et les autres. Dommage pour l’Homo Sapiens, dont le principal talent est sa capacité à créer du lien !!!

Une personne qui ne doute jamais ne s'interroge pas sur l'impact de ses actes, ne pèse pas les conséquences de ses convictions. Ce manque d'interrogation rend ses actions effrayantes, car elles sont menées avec une assurance qui n'a pas été tempérée par la réflexion.

Le doute est vital

Car il est la base de toute enquête scientifique, la racine de toute interrogation philosophique, le commencement de toute foi véritable. Douter, c'est permettre à l'esprit de s'explorer, de ne pas accepter les réponses faciles. Le doute nous pousse à chercher plus loin, à ne pas nous contenter de ce qui est servi devant nous comme une vérité immuable. Il est le moteur du progrès, l'essence de l'innovation et de l'amélioration.

Et Le doute, c'est aussi une expression d'humilité, un aveu que nous ne savons pas tout et que peut-être, notre perspective est limitée, biaisée ou même erronée. Il ouvre la porte à l'empathie, car reconnaître que nous pourrions être dans l'erreur nous permet de comprendre et d'accepter que les autres le peuvent aussi. Que de gens qui ne doutent pas sur Twitter/X ! C'est sans doute le plus flippant...

Evidemment, loin de moi l’idée de remettre en cause ce qui est scientifiquement prouvé (la Terre est ronde, la vitesse de la lumière est supérieure à celle du son, etc.) parce que je me suis donné les moyens et les outils d’en avoir la preuve. Mais notre vie moderne nous confronte en permanence à des faits et phénomènes d’une complexité telle que l’humilité m’apparaît comme indispensable (combien d’experts en épidémiologie se sont révélés en 2020, dans une énorme vague de Méthode Coué ?).

Les philosophes à la rescousse !

Pour Descartes, le doute n’est pas un signe de faiblesse, mais plutôt le début de toute connaissance véritable. En d'autres termes, si tu peux douter, c'est que tu penses, et si tu penses, c'est que tu existes.

Mais le doute n’est pas que cartésien ! Le scepticisme, une école de pensée antique, voit dans le doute un moyen de parvenir à la tranquillité. Les sceptiques, comme Pyrrhon, arguent que en suspendant notre jugement sur tout, nous pouvons échapper à l'anxiété. Ils prônent donc un doute systématique pour atteindre une paix intérieure. Alors, le doute, loin d'être un obstacle, devient un outil puissant pour naviguer dans l'océan parfois tumultueux de la vie : une sorte de bouée de sauvetage philosophique !

Le doute et l'action

Cependant, le doute ne doit pas nous immobiliser. Si nous attendons d'être absolument certains avant d'agir, nous risquons de ne jamais avancer. Le doute doit être un compagnon de voyage, pas un poids qui nous ancre dans l'inaction. Il doit stimuler notre désir de comprendre, pas éteindre notre volonté d'agir.

Comment, alors, équilibrer le doute et l'action ? Il s'agit de reconnaître quand douter est nécessaire et quand il est temps de faire un choix, même imparfait, et d'avancer. La clé est de douter sagement mais d'agir avec courage.

Le doute, meilleur ami de la curiosité

La curiosité et le doute sont intrinsèquement liés. Car c’est elle qui nous donne l’envie de voir au-delà des apparences, d’embrasser la complexité du monde derrière les versions simplistes, d’avoir confiance en le fait qu’ouvrir une nouvelle porte ne risque pas de libérer des démons, mais va élargir notre monde et le rendre plus passionnant encore.

D’ailleurs le doute a longtemps été combattu par les religions et nationalismes comme fauteur de trouble, perturbateur de l’ordre établi. Douter, c’était pêcher. Or malgré les interdictions, le doute a toujours été le moteur de la découverte, de l'innovation et du progrès. Car il n’y a pas de limite à ce que nous pouvons découvrir et c’est bien ça qui est passionnant.

Merci à mon ami Gérard, qui m’a lancé sur le doute lors de mon passage (diffusion à venir) sur son podcast Le Bonheur c’est Les Autres.

Christophe

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Par Christophe Duhamel

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