D'où viennent ces frissons que provoque la musique ?

Quand la musique nous donne la chair de poule...

1 truc par jour
3 min ⋅ 14/05/2024

Vous est-il déjà arrivé d'écouter une chanson et de ressentir soudainement des frissons vous parcourir le corps ? Ce phénomène, bien plus courant qu'on ne le pense, est souvent décrit comme un moment de "chair de poule musicale" et soulève des questions fascinantes sur la manière dont notre corps et notre esprit réagissent à la musique.

Pour comprendre ces frissons, il est essentiel d'examiner les émotions, les hormones et les processus cognitifs impliqués...

Frissons et les émotions

Les frissons causés par la musique sont souvent associés à des moments d'intense émotion. Ils peuvent se produire lors d'un crescendo puissant, d'un changement harmonique inattendu, ou même lors d'une interprétation vocale particulièrement émouvante. La musique a le pouvoir unique de toucher des cordes sensibles en nous, évoquant des souvenirs, des sentiments et des états d'âme profonds. Cette réponse émotionnelle intense est souvent la clé pour comprendre pourquoi certaines pièces musicales nous donnent la chair de poule.

Lorsqu'on ressent ces frissons, notre cerveau libère de la dopamine. Cette hormone est souvent surnommée l'hormone du plaisir, car elle joue un rôle clé dans notre système de récompense. Des études ont montré que la dopamine est libérée en grande quantité lorsque nous écoutons de la musique qui nous procure des frissons, ce qui explique pourquoi ces moments sont si agréables et parfois même addictifs.

Ce qu’en dit la science

Des recherches menées par le Dr. Valorie Salimpoor, neuroscientifique à l'Université McGill, ont démontré que l'écoute de musique peut activer les mêmes régions du cerveau que celles impliquées dans d'autres formes de plaisir, comme la nourriture ou les relations amoureuses.

En utilisant des techniques d'imagerie par résonance magnétique (IRM), son équipe a observé que les moments où les participants ressentaient des frissons coïncidaient avec une activité accrue dans le striatum, une région du cerveau liée à la libération de dopamine.

Une autre étude conduite par Zatorre et Blood a révélé que la musique qui provoque des frissons active non seulement le striatum mais aussi l'amygdale, qui est impliquée dans le traitement des émotions, et le cortex auditif, qui analyse les sons. Cette activation simultanée suggère une interaction complexe entre les zones du cerveau qui gèrent les émotions et celles qui analysent les stimuli auditifs.

Les facteurs culturels et individuels

Il est intéressant de noter que la réaction à la musique peut être influencée par des facteurs culturels et personnels. Ce qui provoque des frissons chez une personne peut laisser une autre complètement indifférente.

Les préférences musicales, les expériences de vie et même le contexte culturel peuvent jouer un rôle dans notre réponse émotionnelle à la musique. Une étude menée par Grewe et al. a montré que les frissons musicaux sont plus fréquents chez les personnes qui ont une forte connexion émotionnelle avec la musique et qui l'écoutent activement (en battant le rythme avec le pied, la main, voire en chantant en même temps…) plutôt que passivement.

La théorie de l'attente musicale

Une autre théorie intéressante est celle de l'attente musicale. Selon cette théorie, nos cerveaux anticipent constamment les motifs et les structures dans la musique. Lorsque la musique dévie de ces attentes de manière surprenante mais agréable, cela peut provoquer une libération de dopamine, entraînant ces fameux frissons.

Cela explique pourquoi des éléments comme les crescendos ou les changements harmoniques peuvent être si puissants (passages des gammes majeures aux gammes mineures). Huron et Margulis ont proposé que la violation de nos attentes musicales crée une tension suivie d'une résolution, ce qui intensifie notre expérience émotionnelle.

Une expérience quasi mystique

Pour certaines personnes, les frissons musicaux peuvent aller au-delà du simple plaisir sensoriel et émotionnel pour devenir une expérience de l’ordre du mystique.

Ces moments peuvent être perçus comme des instants de transcendance, où l'on se sent connecté à quelque chose de plus grand que soi-même. Cette sensation peut rappeler les descriptions d'expériences religieuses ou spirituelles, où la musique agit comme un pont entre le monde matériel et une dimension plus spirituelle.

Les travaux de Maslow sur les expériences de "pic" suggèrent que ces moments de frissons peuvent être similaires à des états de conscience modifiés, où la perception de soi et du monde est temporairement transformée.

Une preuve de plus sur la musique est une source de plaisir puissante et facilement accessible (ce qui n’était pas le cas il y a ne serait-ce que deux siècles : la musique était quelque chose de rare qu’on ne pouvait expérimenter qu’en direct).

Cette réserve de plaisir facilement accessible, je l’ai redécouverte récemment, en choisissant d’écouter de la musique en lieu et place des podcasts qui accompagnent d’habitude mes déplacements. Simplement parce que j’étais vraiment fatigué et j’ai ressenti une sorte de besoin primal de me raccorder à ce plaisir.

On aurait tort de s’en priver !!!

Christophe

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Par Christophe Duhamel

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