L'étrange bulle dont on s'entoure dans les transports en commun...

Bulle ou armure ? Essayons d'analyser la distance virtuelle que nous instaurons avec les autres dans les transports...

1 truc par jour
3 min ⋅ 03/06/2024

Aujourd'hui, j'aimerais vous parler d'un phénomène que nous connaissons tous : la bulle que l'on se crée dans les transports en commun. Que ce soit dans le métro parisien, le bus de votre quartier ou le RER bondé, nous avons tous développé des stratégies pour nous isoler de l'environnement parfois chaotique et bruyant des transports.

Pourquoi se créer une bulle ?

Les transports en commun peuvent être stressants. Entre la foule, le bruit, les retards et les trajets parfois longs, il est essentiel de trouver des moyens pour préserver notre sérénité. Se créer une bulle permet de se protéger mentalement et émotionnellement. C'est une manière de s'évader, de se détacher de l'agitation environnante et de trouver un moment de calme dans notre journée.

Cette bulle répond à plusieurs besoins :

  • Réduction du stress provoqué par la densité de la foule, les bruits forts et les mouvements incessants. Créer une bulle personnelle aide à atténuer ces stimuli stressants, offrant ainsi un refuge mental.

  • Sentiment de contrôle : dans un environnement où l'on en a peu, se créer une bulle permet de reprendre un certain pouvoir sur son espace mental. Cela aide à se sentir moins vulnérable et plus maître de sa situation.

  • Protection émotionnelle : les interactions non désirées, qu'elles soient visuelles, auditives ou tactiles, peuvent être émotionnellement drainantes. Une bulle psychologique aide à filtrer ces interactions, préservant ainsi notre énergie émotionnelle.

  • Concentration et productivité : pour ceux qui utilisent leur temps de trajet pour lire, travailler ou réfléchir, une bulle permet de se concentrer malgré le chaos environnant. Cela maximise l'utilisation productive de ce temps.

  • Évasion et relaxation : créer une bulle permet aussi de s'évader mentalement, offrant un moment de détente et de décompression avant ou après une journée de travail.

Une bulle d’intensité variable…

Cette bulle peut être légère comme le vent ou solide comme une armure, en fonction de nos besoins. Lorsqu’on souhaite se concentrer pour travailler, il faut lutter contre l’accordéon désaccordé, les discussions des voisins, les annonces en cinq langues…

Personnellement, ma bulle est assez forte pour me permettre de travailler. D’ailleurs le métro parisien est un endroit où je travaille très bien, car cette fameuse bulle me procure un environnement de travail plus calme et plus isolé de l’extérieur qu’un open space. Je peux même m’endormir dans le métro sans problème si nécessaire après un déjeuner un peu copieux. Mais c’est évidemment très personnel.

Cette bulle est aussi l’explication à l’impression qu’ont beaucoup de personnes lorsqu’ils arrivent dans une grande ville (surtout à Paris) : ils pensent que les gens “font la gueule”, ce qui est totalement faux. C’est juste que la neutralité de l’expression du visage fait partie intégrante de cette bulle. On peut même dire que c’est sa principale caractéristique !

Qu’est-ce qui peut faire éclater cette bulle ?

Pas facile de faire éclater cette bulle, surtout si elle est forte. Il y a plusieurs cas où cela peut se produire…

  • Problème technique : entre deux stations, le métro s’arrête, la lumière s’éteint. S’ensuivent quelques secondes de silence qui permettent de voir toute la puissance de la bulle. Mais le silence peut faire peur et il y a souvent quelqu’un pour dire quelque chose, voire plaisanter pour conjurer le stress qui peut saisir les non habitués (un parisien ne s’étonne jamais d’un problème technique, même s’il râle pour la forme). C’est l’un des rares cas où une communication peut s’instaurer entre les vopyageurs.

  • Annonce : les annonces faites au micro par les employés de la RATP, voire le conducteur, sont souvent complètement inaudibles et certaines personnes osent quiter leur bulle pour demander si quelqu’un a compris.

  • Danger : la présence de pickpockets (que les parisiens repèrent à 10 km) à proximité de touristes aux téléphones ou portefeuilles facilement accessibles dans des sacs ouverts, peut provoquer un petit geste de prévention de la part de passagers bienveillants.

  • Les situations incongrues : bruit bizarre, événement inattendu, conversation téléphonique amusante, peut forcer certains passagers à sortir de leur bulle, en général via un rire ou un sourire. Voire initier un commentaire ou une conversation.

  • La drague : subtile ou lourdingue, les transports servent parfois de cadre à des tentatives d’approche, rarement courronnées de succès, car la bulle est aussi une protection contre les importuns. Et toute tentative de percer cette bulle est très vite perçue comme bizarre par toutes les personnes autour.

Comment renforcer cette bulle ?

Que vous soyez néo-citadin.e ou juste en recherche de plus de sérénité, vous avez peut-être envie de renforcer cette bulle. Voici quelques astuces pour augmenter sensiblement son épaisseur…

  • Bulle de base : utiliser des écouteurs et laisser la musique ou les podcasts remplir votre bulle. Ce niveau offre une barrière sonore mais permet encore une certaine interaction avec l'environnement.

  • Bulle renforcée : lire un livre ou un article. Ce niveau engage visuellement et mentalement, offrant une immersion plus profonde tout en restant conscient de l'environnement immédiat.

  • Bulle cuirassée : méditer, faire des exercices de respiration ou de cohérence cardiaque. À ce niveau, on se détache presque complètement de l'environnement extérieur pour se concentrer sur son monde intérieur.

  • Bulle en béton armé : une combinaison de plusieurs techniques, comme écouter de la musique tout en lisant ou en méditant. Ce niveau crée une barrière quasi-imperméable à l'environnement extérieur, offrant une immersion totale dans une bulle personnelle. Faites juste gaffe à ne pas louper votre station…

Pensez-y la prochaine fois que vous prenez le métro ou le bus !

Christophe

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Par Christophe Duhamel

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