Pourquoi notre cerveau se focalise-t-il sur le négatif ?
Vous avez déjà remarqué comment une seule remarque désobligeante pouvait ruiner une journée ? Comme si notre cerveau était programmé pour se focaliser sur ce qui n’allait pas. Et devinez quoi ? Il l’est ! Des recherches montrent qu’il faut environ sept commentaires positifs pour contrebalancer l’effet d’un seul commentaire négatif. Explications…
Les commentaires négatifs ont un effet disproportionné sur notre moral en raison du « biais de négativité ». Ce biais est une tendance cognitive bien documentée où les humains prêtent plus d'attention aux expériences négatives qu'aux positives. En termes d'évolution, cela nous a aidés à survivre — mieux vaut se rappeler de ne pas manger cette baie toxique que de se souvenir de celle qui était juste sucrée.
Une étude phare de Roy F. Baumeister et ses collègues, publiée dans Review of General Psychology, a montré que les événements négatifs ont un impact beaucoup plus fort que les événements positifs. Selon leurs conclusions, il faut en moyenne cinq à sept interactions positives pour compenser une interaction négative.
Ainsi, notre cerveau réagit plus intensément aux stimuli négatifs. John Cacioppo, un neuroscientifique, a constaté que le cortex cérébral affiche une plus grande activité lorsqu'il est exposé à des stimuli négatifs. En d'autres termes, un seul commentaire négatif peut déclencher une réaction émotionnelle plus forte et plus durable qu'une série de commentaires positifs.
Dans une étude menée par Marcial Losada et Emily Heaphy, il a été révélé que pour les équipes performantes, le ratio d'interactions positives à négatives était de 5,6 pour 1. En d'autres termes, pour chaque critique, il fallait plus de cinq commentaires positifs pour maintenir une dynamique productive et saine.
Imaginez un manager qui critique votre travail devant tout le monde. Même si ce même manager vous complimente cinq fois par la suite, l'humiliation initiale reste gravée dans votre mémoire.
Les relations amoureuses ne sont pas exemptes de ce phénomène. Selon une étude de John Gottman, spécialiste des relations, le ratio magique est de 5:1 — cinq interactions positives pour chaque interaction négative pour maintenir une relation saine et heureuse. Une dispute sur qui aurait dû faire la vaisselle peut nécessiter cinq câlins, compliments ou gestes d'affection pour être oubliée.
Et si vous avez déjà essayé de faire passer une remarque acerbe avec un bouquet de fleurs, vous savez que la science ne ment pas !
Sur les réseaux sociaux, le phénomène est amplifié. Une étude de la Pew Research Center a révélé que les commentaires négatifs ont un impact plus fort sur l’estime de soi des utilisateurs que les commentaires positifs. Les plateformes comme Instagram, où les utilisateurs sont souvent inondés de compliments, montrent que même un seul commentaire négatif peut avoir des répercussions importantes sur leur humeur et leur comportement en ligne.
Encore une bonne raison pour ne pas passer trop de temps sur les réseaux sociaux…
La première chose à se dire est qu’un commentaire négatif n’est souvent pas votre problème, mais celui de celui ou celle qui l’exprime. La personne en question a peut-être eu une mauvaise journée et vous êtes tombé(e) là par hasard et vous avez pris la foudre. Les gens qui travaillent en centre d’appel et les community managers de marques le savent bien : il faut parfois savoir ne pas prendre les choses trop personnellement.
Mais un commentaire négatif peut aussi être constructif : il faut parfois savoir écouter l’avis des autres et ce qu’on peut apprendre sur nous-même, nos perceptions et nos comportements.
Si vous avez un doute, il peut être utile d’en parler avec des amis, des collègues ou des mentors. Sans chercher à vous victimiser, mais en leur demandant sincèrement leur avis et peut-être à voir les choses sous un autre angle… ou juste relativiser l'importance de ces critiques négatives !
Lorsqu’on s’apprête à émettre une critique, il est intéressant d’une part d’enrober la critique de commentaires positifs pour que la personne concernée considère de manière plus objective la critique, comme un retour honnête car intégrant également du positif, d’autre part d’être dans la critique d’un acte ponctuel et non de la personne elle-même. Critiquer une personne n’est JAMAIS constructif, là où critiquer un de ses actes peut l’être car il peut être perçu dans une perspective d’amélioration.
Dire que quelqu’un est nul ou incompétent est un “étiquetage” définitif qui provoquera forcément du ressentiment. La personne ciblée n’a pas beaucoup de choix : soit combattre un point de vue qui la détruit en rentrant dans le conflit, soit accepter et se sentir dévalorisée. Les deux sont mortifères.
Le pire étant un parent qui dit cela à son enfant (“tu es nul”, “tu es paresseux”…) car souvent, ce sera la petite voix qu’il entendra dans sa tête toute sa vie…
Alors pour le bien de tous, apprenons à bien gérer la critique, en tant que récepteur ou comme émetteur.
Christophe
Pourquoi cette newsletter ?
C’est une manière pour moi de tester et pratiquer les fabuleux outils aujourd’hui à notre disposition, mais aussi de mettre à l’épreuve ma propre capacité à réfléchir et à partager cette réflexion. N’hésitez pas à me suggérer des sujets… ou à me dire ce que vous en pensez (en positif comme en négatif !). Et bien sûr, partagez-la avec vos amis ! Plus vous serez nombreux.ses à la recevoir, plus l’exercice aura d’intérêt.
...