Notre cerveau adore le sucre. Et pourtant, ses effets catastrophiques sont de plus en plus clairement connus. Comme un gourmand averti en vaut deux, voici ce qu'il en est...
Le sucre est omniprésent dans nos vies, se cachant dans des aliments inattendus comme les sauces, les soupes, les plats préparés et bon nombre d’aliments transformés. Pourtant, on découvre un peu plus chaque jour à quel point le sucre a des conséquences néfastes pour notre santé. Voici un aperçu des impacts du sucre sur notre corps et notre esprit... Attachez vos ceintures, votre cerveau risque de trouver ça un peu amer !
Une étude de 2013 publiée dans The American Journal of Clinical Nutrition a démontré que la consommation de glucose active le noyau accumbens, une région du cerveau associée aux comportements de récompense et de dépendance (Green et al., 2013). De plus, une recherche publiée en 2015 dans la revue PLOS ONE suggère que le sucre peut déclencher une dépendance chez les rongeurs semblable à celle des drogues dures (Ahmed et al., 2015). D’ailleurs des rats à qui on donne des doses élevées de sucre tous les jours montrent très vite des difficultés à retrouver leur chemin dans un labyrinthe qu’ils connaissent.
Une étude menée en 2012 par l'Université de Californie (UCLA) a révélé que les régimes riches en fructose ralentissent le cerveau, altérant la mémoire et l'apprentissage (Morris et al., 2012). Une surconsommation de sucre peut également augmenter le risque de démence (Kim et al., 2020). 2. Le sucre et l'insuline Le sucre joue un rôle majeur dans le développement de troubles métaboliques...
Des recherches publiées dans The Journal of Clinical Investigation en 2009 ont montré qu'une consommation excessive de sucre entraîne une résistance à l'insuline, augmentant le risque de diabète de type 2 (Bray et al., 2009). Une étude de 2016 dans The BMJ a confirmé le lien direct entre les boissons sucrées et l'obésité chez les enfants et les adultes (Malik et al., 2016).
La consommation de sucre a également des répercussions sur notre humeur. Dépression En 2017, une étude du Scientific Reports a révélé que les hommes consommant de grandes quantités de sucre (plus de 67 g par jour) avaient un risque 23 % plus élevé de développer une dépression (Knüppel et al., 2017).
Le sucre peut provoquer des pics d'énergie suivis de chutes rapides, provoquant des symptômes comme l'anxiété et l'irritabilité. Une étude publiée dans Psychoneuroendocrinology en 2018 a suggéré que ces fluctuations de glucose pourraient contribuer à ces effets (Miller et al., 2018).
Notre flore intestinale, ou microbiote, est aussi sensible à notre consommation de sucre. Inflammation intestinale Une recherche publiée dans Cell Metabolism en 2020 a montré que les régimes riches en sucre altèrent le microbiote intestinal, provoquant une inflammation et un risque accru de maladies métaboliques (Do et al., 2020). En 2018, une étude de Nature Communications a trouvé que le sucre réduit la diversité des bactéries bénéfiques dans le microbiote, compromettant la fonction immunitaire (Wang et al., 2018).
Les industries alimentaires ont longtemps cherché à minimiser les dangers du sucre. Stratégies marketing Une enquête menée par l'Université de Californie, San Francisco, en 2016, a révélé que dans les années 1960, l'industrie du sucre avait financé des recherches pour détourner l'attention des dangers du sucre vers les graisses (Kearns et al., 2016).
Les entreprises ont également exercé une influence sur les politiques alimentaires, allant jusqu'à financer des programmes de santé et des études pour promouvoir le sucre comme une composante normale d'une alimentation saine (Nestlé, 2015).
Céréales du petit déjeuner, pâte à tartiner, bonbons, fast food, de nombreuses voix s’élèvent pour demander l’interdiction de la pub qui cible les enfants, cible très sensible à la promesse du sucre !
L’OMS propose de limiter notre consommation de sucre à 50 grammes par jour, tout en indiquant qu’idéalement, il faudrait être plutôt sous les 25 grammes ! Or en France, nous en sommes à 95 grammes par jour en moyenne…
Mais 25 g de sucre, ça représente quoi ?
1 verre de soda ou de jus de fruit (oui, le jus de fruit est une vraie cata pour la santé, mieux vaut éviter d’en prendre en-dehors des repas)
1 tartine et demi de pâte à tartiner
1,7 yaourt aux fruits (environ)
1 glace
2 portions de céréales du petit déjeuner au chocolat
3 Big Mac (oui, il y a énormément de sucre dans les burgers)
Si vous avez du mal à vous convaincre (ou à convaincre votre progéniture), je ne saurais trop vous recommander le court mais efficace documentaire “Le sucre nous rend-il bête ?” sur Arte. 27 minutes édifiantes qui vous feront réfléchir avant de vous jeter sur le pot de glace…
Christophe
Sources :
Ahmed SH, Guillem K, Vandaele Y. Sugar addiction: pushing the drug-sugar analogy to the limit. Curr Opin Clin Nutr Metab Care. 2013.
Bray GA, Nielsen SJ, Popkin BM. Consumption of high-fructose corn syrup in beverages may play a role in the epidemic of obesity. Am J Clin Nutr. 2009.
Do MH, Lee E, Oh MJ, Kim Y, Park HY. High-glucose or -fructose diet cause changes of the gut microbiota and metabolic disorders in mice without body weight change. Nutrients. 2018.
Green ED, Rogers RD, Yücel M, Clark L. Differential neural responses to delayed versus immediate rewards in cocaine addiction. J Neurosci. 2013.
Kearns CE, Schmidt LA, Glantz SA. Sugar Industry and Coronary Heart Disease Research: A Historical Analysis of Internal Industry Documents. JAMA Intern Med. 2016.
Kim JH, Kim YJ, Lee SB, Son SJ. Sugar-sweetened beverage consumption and its association with depression among the Korean elderly: a cross-sectional study. Nutr J. 2020.
Knüppel A, Shipley MJ, Llewellyn CH, Brunner EJ. Sugar intake from sweet food and beverages, common mental disorder and depression: prospective findings from the Whitehall II study. Sci Rep. 2017.
Malik VS, Pan A, Willett WC, Hu FB. Sugar-sweetened beverages and weight gain in children and adults: a systematic review and meta-analysis. Am J Clin Nutr. 2013.
Miller BM, Lopez JP, Katz RJ, Pierre PJ. Stress-induced increase in hyperactivity and anxiety-like behavior in glucose-intolerant LEW.1AR1-iddm rats: A translational animal model of type 1 diabetes. Psychoneuroendocrinology. 2018.
Morris MC, Evans DA, Tangney CC, Bienias JL, Wilson RS. Associations of vegetable and fruit consumption with age-related cognitive change. Neurology. 2016.
Nestle M. Soda Politics: Taking on Big Soda (and Winning). Oxford University Press. 2015.
Wang T, He C, Yu X, Wang C, Li H, Sun J, Zhao Q. Dietary glucose and fructose-induced alterations in gut bacterial microbiota in Wistar rats are gut site-dependent. Food Funct. 2018.